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EXODES



«Nous ne reviendrons pas comme nous sommes partis» Mahmoud Darwich

«La poésie ne comble pas mais au contraire approfondit toujours davantage le manque et le tourment qui la suscitent» écrivait le poète Jacques Dupin dans «L'embrasure» en 1969. On pourrait volontiers substituer au terme «poésie» le mot «gravure» pour appliquer cette réflexion à Georges Le Fur, tant l'artiste creuse inlassablement le bois pour révéler les tourments du monde et notamment ses exodes. D'ailleurs le graveur parle des exodes, oblitérant volontairement le singulier pour aborder toutes les formes de nomadisme, sans circonscrire son travail à l'exode biblique, certes fondateur de sa thématique récurrente.
L'exil est l'une des sources de la création. « L'homme qui est en harmonie parfaite avec la société, sa culture, avec lui-même, ne peut être un créateur. Il lui faut une forte tension intérieure pour transgresser les règles, conditions nécessaires à toute création » dit Mahmoud Dawich lors de ses entretiens avec le poète libanais Abbas Beydoun, dans La Palestine comme métaphore. Georges Le Fur fait partie de ces écorchés vifs, qui ne peut taire les violences faites aux peuples à la dérive, victimes des désordres économiques et de la cupidité de systèmes sans état d'âme. L'espoir d'une vie meilleure motive ces humiliés de la faim qui s'aventurent sur des chemins que poudroie le vent de l'inquiétude ou sur des barques de fortune que la voracité des flots n'épargne pas toujours. Georges le Fur aussi est en marche, comme ces exilés et ces réfugiés dont il grave la tragédie dans l'aubier des jours.
Sa thématique abordée depuis de nombreuses années est comme une métaphore de son travail artistique. Il faut y voir une collusion entre le sujet abordé et l'acte du graveur. Georges Le Fur est en déshérence, comme ces nomades. Lui aussi est à la recherche d'une terre, d'une forme qui conjugue dextérité et enjeu. Le vent de la création le pousse sur des pistes inexplorées, comme ces fugitifs, dont il grave la précarité de l'errance. On pourrait y voir aussi la figure de Sisyphe, dont le travail réitéré traduit l'impossible ascension et l'infinie révolte contre la souffrance des exilés. Ses gravures fuient toute anecdote, même si elles font référence en filigrane à des événements bibliques ou historiques. Ainsi il leur accorde une dimension universelle et intemporelle. Dans ses œuvres récentes presque abstraites et qui suggèrent une foule concentrationnaire de visages anonymes, le graveur démasque l'horreur de la condition humaine accentuée par un encrage en noir et blanc. Il réaffirme ici son souci de l'universel qui induit une filiation avec les errants de tous les temps.

A. Le Beuze



"Le graphisme que vous avez créé donne plus à lire qu'à regarder..."

  G. Fall  éditeur de Rotko et créateur du "musée de poche"



" Telles qu'elles sont écrites, ces estampes me font penser à une symphonie de jazz.”

  J. Jouanneau  dramaturge



"Je revois avec le même plaisir à travers vos bois gravés les signes de votre progression sur le chemin du dépouillement."

  R. Bourgne  philosophe, directeur de l'institut ALAIN



"G. LE FUR a illustré admirablement l'oeuvre de E. JÜNGER et ce travail représente un intérêt évident  pour le Goethe Institut et la culture Allemande."

  Otmar Kleitbreil  directeur du Goethe Institut Paris